Psychologues : avenir de la profession La clinique et l’hôpital
LECTURE DEFINITIVE A L’ASSEMBLEE NATIONALE Le Code de la santé publique est ainsi modifié :
Art. L. 3221-1 – « La politique de santé mentale comprend des actions de prévention, de diagnostic, de soins, de réadaptation et de réinsertion sociale. Elle est mise en œuvre par des acteurs diversifiés intervenant dans ces domaines, notamment les établissements de santé autorisés en psychiatrie, des médecins libéraux, des psychologues et l’ensemble des acteurs de la prévention, du logement, de l’hébergement et de l’insertion. »
Art. L. 6111-1 – « Les établissements de santé publics, privés d’intérêt collectif et privés assurent, dans les conditions prévues au présent code, en tenant compte de la singularité et des aspects psychologiques des personnes, le diagnostic, la surveillance et le traitement des malades, des blessés et des femmes enceintes et mènent des actions de prévention et d’éducation à la santé. »
Art. L. 6143-2 – « Le projet d’établissement définit, notamment sur la base du projet médical, la politique générale de l’établissement (…) Il comporte un projet de prise en charge des patients en cohérence avec le projet médical et le projet de soins infirmiers, de rééducation et médicotechniques, ainsi qu’un projet psychologique et un projet social. »
"Mme Marisol Touraine, ministre. Pour ma part, j’émets un avis favorable sur ces amendements.
J’entends bien qu’il existe un projet médical global ; mais il se trouve que les psychologues ne sont pas des professionnels médicaux, ce dont il faut tenir compte.
Par ailleurs, je rappelle que, jusqu’à l’adoption de la loi HPST, la psychologie était spécifiquement identifiée comme contribuant au projet de l’hôpital. La suppression de cette mention en 2009 a abouti à un déclassement de fait de la reconnaissance accordée à ces professionnels et à l’accompagnement qu’ils assurent.
C’est pourquoi il me paraît nécessaire que le projet d’établissement comporte un projet d’organisation de la prise en charge psychologique, qui garantira la prise en compte de la dimension psychologique des patients."
Psychologues : avenir de la profession
La clinique et l’hôpital
L’ensemble des représentants de la profession était rassemblé le 1° mars 2016 à l’Assemblée Nationale avec le concours de Monsieur le député D.Robillard, pour mettre au travail la question de l’avenir de la clinique à l’hôpital et par conséquent celui de la profession.
Comment maintenir et développer le territoire des soins psychiques incluant la dimension psychologique et de la singularité des personnes, lieu d’expression de la souffrance psychique ?
Ce territoire a été en grande partie abandonnée par la psychiatrie (psychiatres et infirmiers en psychiatrie), y survivent encore les psychologues et la psychologie clinique au nombre de 10000 dans les institutions de santé.
La psychologie clinique dont l’objet d’étude se concentre sur le rapport d’actions réciproques du corps et de l’esprit pour un sujet qui pense, capable d’intériorité consciente et inconsciente, en relation avec autrui prend appui sur les sciences humaines et du langage. Le psychologue exerce depuis une cinquantaine d’année dans les institutions de soins en y proposant des soins psychiques à partir de méthodes centrées sur le langage et l’étude du psychisme en vue de permettre le soulagement et le traitement de la souffrance humaine.
Les nouvelles dispositions de la loi santé, qui réinscrit la dimension psychologique et la singularité des personnes dont il doit être tenu compte et la mise en place d’un projet psychologique à côté du projet médical, infirmier…montrent une volonté du législateur de maintenir et développer ce territoire de soins où viennent s’exprimer la souffrance psychique et la singularité humaine.
Les débats avec les professeurs d’université ont mis au grand jour une mise à mal des recrutements de professeurs de psychologie clinique et de psychanalyse ce qui laisse entendre que l’avenir de l’enseignement de la psychologie clinique subjective est compromis par un jeu de pouvoir entre les tenants d’une psychologie objective et d’une psychologie subjective.
Une disparition des enseignants en psychanalyse et en psychologie clinique au profit d’autres enseignants d’une psychologie objective tarirait logiquement la formation de psychologues clinicien ad hoc au profit de psychologues formés à l’évaluation diagnostique ; quantitative, aux tests et sans doute plus conformes à ce que veut le pouvoir médical.
Il devient alors urgent de penser ensemble, praticiens et enseignants, la question de la formation des psychologues à la psychologie clinique et à la psychanalyse.
Renforcer la formation des psychologues
Du côté de l’université, par la création au CNU d’une sous-section psychologie clinique et psychanalyse, il y a lieu de pérenniser le recrutement d’enseignants chercheurs dans le domaine de la psychologie clinique et la psychanalyse.
Il y a lieu de renforcer la participation des psychologues praticiens à la formation des futurs psychologues et de penser une participation des enseignants chercheurs dans les stages institutionnels allongés et dans les lieux de soins.
En l’amenant à un doctorat d’exercice en soins psychiques, la formation universitaire des psychologues offrira au public les garanties d’une formation de haut niveau favorisant la recherche clinique.
Jean Paul Aubel Psychologue