Les Psychologues Freudiens : Les annonces d’Emmanuel Macron concernant le remboursement des séances chez un psychologue mettent en colère toute la profession.
Solenne Albert*
logo association
Les Psychologues Freudiens
Les annonces d’Emmanuel Macron concernant le remboursement des séances chez un psychologue mettent en colère toute la profession.
Solenne Albert*
Bien sûr, nous disons OUI à un remboursement des séances mais à un tarif décent et pas sur prescription médicale ! Ces propositions ont été faites sans concertation avec la profession ! C’est inadmissible !
Le psychologue n’a jamais été prescrit sur ordonnance médicale. Il n’a pas à l’être. Notre formation universitaire solide nous confère une autonomie dans nos pratiques qui est inscrite au cœur du code de déontologie des psychologues. Nous refusons cette infantilisation et ce mépris de notre métier !
L’état n’a pas non plus à nous dire de combien de séances 8 ou 10 – un patient aurait besoin. Il n’est pas possible de fixer, à l’avance, un nombre de séances. Nul ne peut prévoir le temps nécessaire à ce que la souffrance psychique s’apaise. Un protocole de soin, valable pour tous, et fixé à l’avance, va à l’encontre de notre code de déontologie – qui exige de prendre en compte, au un par un, la singularité de nos patients.
Notre indépendance vis-à-vis du médical est aussi ce qui permet de garantir le respect du secret professionnel et la liberté de parler, indispensables dans une démocratie. Le protocole de soin proposé par l’état met en péril cette indépendance.
L’obligation de passer par un médecin traitant, puis, pour un renouvellement, par un psychiatre ; transforme le recours au psychologue en véritable parcours du combattant pour le patient qui devra répéter, à plusieurs reprises, et à plusieurs interlocuteurs différents, les moments traumatiques et douloureux de son existence. Les patients n’ont pas à devoir justifier l’ampleur de leur mal être pour obtenir le droit à être remboursés.
Nous disons également NON à la proposition d’un conseil de l’ordre qui vise à uniformiser nos pratiques. Nos pratiques sont plurielles variées – et nous tenons à cette pluralité des approches qui est une richesse et qui permet aux patients de choisir le type d’approche qui leur conviennent. Non au contrôle de nos outils ! Oui à une pluralité clinique et théorique !
Il est inconcevable d’entendre Mr le ministre de la santé dire que l’accès libre et gratuit au psychologue va être une grande première en France. C’est totalement faux !! L’accès libre et gratuit au psychologue en France existe depuis les années 60 – il se fait dans les CMP. Les centres médico-psychologiques sont des lieux de soins qui accueillent et prennent en charge la souffrance psychique, ils font partis de l’hôpital psychiatrique. Celui-ci a été démantelé depuis des décennies. Il est urgent de redonner à la psychiatrie les véritables moyens financiers et humains dont elle a besoin afin de prendre dignement en charge ses patients. Aujourd’hui, pour une première consultation en pédopsychiatrie, les délais varient de un an à trois ans. C’est à l’hôpital psychiatrique, dans les CMP, qu’il est urgent de recruter des psychologues !
Car il n’est pas possible d’accueillir, seul, en libéral les patients que la psychiatrie n’a pas les moyens de prendre en charge. Ceux-ci nécessitent un étayage de soins sur du long temps et par une équipe pluriprofessionnelle.
Empêcher l’accès libre et direct du patient au psychologue de son choix n’est pas possible !
Nous demandons qu’ait lieu une véritable concertation avec la profession !
* Psychologue clinicienne à l’hôpital psychiatrique de Blain et en cabinet libéral à Nantes, membre de l’ECF.