Les psychologues dans l’oeil du cyclone : avis de tempête annoncé ?

Au delà de ce rapport, le gouvernement utilise la même stratégie dans tous les ministères pour effectuer sa basse besogne, les contre réformes. Mettre en avant ce qui ne va pas quitte à dire des mensonges, des contre vérités !!! Mais il révèle quelque chose de juste pour notre profession : notre rapport au social, au groupes qui nous environnent, et qui nous jugent et notre difficulté à prendre une place d’adulte responsable dans la société, Le titre a 20 ans ....

Avis de tempète annoncée par la FFPP, un article fort intéressant de B Guinot
page 3-9 du document joint plus lisible en pdf

Un rapport de l’Inspection générale des affaires
sociales vient d’être publié par la Documentation
française début janvier. Malgré (ou en raison de…) sa
taille volumineuse, ce rapport est pratiquement passé
inaperçu. Il est vrai que l’actualité du champ de la
santé chez les psychologues a été fort occupée par le
« non rapport Jouvin », le rapport Couty, l’examen de
la loi HSPT. Pourtant, nous serions bien inspirés de lire
avec attention l’analyse effectuée par nos grands
commis de l’État. Qu’ont-ils à dire des psychologues ?
Comment ont-ils appréhendé leurs spécificités ?
Quelles suggestions ont-ils formulées ?
Quels arguments sommes nous en mesure d’apporter
pour défendre et protéger ce temps FIR constitutif de
notre identité professionnelle ? Tel est l’objet de cet
article .

Quelques précisions sur l’ IGAS (Inspection générale
des affaires sociales)
http://www.travail-solidarite.gouv.fr/web/inspectioncontrole-
evaluation-igas/presentation-igas/qu-est-ceque-
inspection-generale-affaires-sociales.html
Crée en 1967, l’IGAS est un grand corps de l’État
au même titre par exemple que le Conseil d’état, la Cour
des comptes etc..
Plus d’une centaine d’inspecteurs d’horizons
variés, (moitié pour l’ENA, l’autre moitié composée de
médecins, pharmaciens, directeurs d’hôpital, membres
de l’Inspection du travail, des organismes de sécurité
sociale et cadres des ministères sociaux) apportent
leurs compétences déclinées autour de trois types de
mission.
 Contrôle des Institutions,
 Mission d’enquête, d’évaluation et d’audit (en vue
de préparer les missions des lois, ou une
politique),
 Missions d’appui à la demande des ministres,
Ces dernières années, l’IGAS a vu ses missions
augmenter avec la mise en place de la RGPP et des
audits de modernisation. Elle est fréquemment
sollicitée pour intervenir en appui aux directions des
ministères. Elle accompagne les réformes internes à
l’administration. Les rapports sont mis en ligne après
accord des ministres sur le site de la Documentation
française. Les rapports annuels de l’IGAS constituent
ainsi une somme unique d’informations et d’analyses
sur l’emploi, le travail, la formation professionnelle, la
protection sociale, l’action sociale, la santé publique ou
le secteur hospitalier.
http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/
zoom131107.pdf
Ses avis sont écoutés et respectés voire craints,
puisque l’IGAS a plusieurs fois épinglé la profession
médicale ; souvenons-nous d’une enquête de l’IGAS sur
Un rapport de l’Inspection générale des affaires
sociales vient d’être publié par la Documentation
française début janvier. Malgré (ou en raison de…) sa
taille volumineuse, ce rapport est pratiquement passé
inaperçu. Il est vrai que l’actualité du champ de la
santé chez les psychologues a été fort occupée par le
« non rapport Jouvin », le rapport Couty, l’examen de
la loi HSPT. Pourtant, nous serions bien inspirés de lire
avec attention l’analyse effectuée par nos grands
commis de l’État. Qu’ont-ils à dire des psychologues ?
Comment ont-ils appréhendé leurs spécificités ?
Quelles suggestions ont-ils formulées ?
Quels arguments sommes nous en mesure d’apporter
pour défendre et protéger ce temps FIR constitutif de
notre identité professionnelle ? Tel est l’objet de cet
article .
RAPPORT IGAS l’information des médecins généralistes sur le
médicament. Rapport publié en 2007. Lire à ce propos un
article de la revue Prescrire : http://www.prescrire.org/
editoriaux/EDI32312.pdf
Le rapport en question :
« Gestion et utilisation des ressources humaines dans
six établissements de santé spécialisés en psychiatrie.
IGAS 2007 ».
ht tp ://lesrappor ts. ladocumentat ionfrancaise. fr/
BRP/094000022/0000.pdf
Le rapport de l’IGAS, dont nous faisons état ici, a sans
doute contribué à l’élaboration des recommandations
du rapport Couty et du groupe auditionné par la
commission Couty et connu sous le nom de « rapport
Jouvin » qui a tant fait couler d’encre chez nombre de
psychologues.
Du général…
L’IGAS a, durant l’année 2006, travaillé sur la
gestion des ressources humaines en psychiatrie. Six
établissements ont été passés au crible de ses inspecteurs
généraux et tous les corps de métier ont été observés :
médecins, assistantes sociales, psychologues, infirmiers,
secrétaires médicales, etc..
La mission consistait à examiner l’exercice de la
fonction « gestion des ressources humaines ». Contrôle
des procédures de gestion du personnel et stratégies sur
lesquelles elles s’appuient sont au coeur du rapport et en
lien avec une démarche de santé publique. Pour le dire
autrement : repérer qui fait quoi, pourquoi et comment,
épingler les dysfonctionnements coûteux en termes de
procédures budgétaires mais au-delà, en termes de santé
publique, tels sont les objectifs de la mission ici évoquée.
On lira avec intérêt la partie introductive du
rapport : l’évolution générale de la psychiatrie y est
interrogée.
Les auteurs du rapport dénoncent clairement (p.11)
l’idée « qu’il n’y aurait plus en France ni psychiatre, ni
établissement psychiatrique et que les 600 000 personnes
souffrant de troubles de type schizophrénique seraient
sans soin ». Dire que ces personnes seraient « dans la rue
ou en prison » est pour les auteurs du rapport « une
contre vérité ».
On y rappelle que la France a le taux de psychiatres
le plus élevé en Europe, que le secteur en tant
qu’organisation des soins innovante et singulière est à
prendre en compte et qu’il convient surtout de l’optimiser.
La question taboue de savoir si la psychiatrie ne traiterait
qu’une partie des troubles mentaux est posée, puisqu’au
bout du compte il est bien question de la distribution des
moyens financiers.
Enfin, l’analyse réservée aux psychiatres et à leur
désengagement « qui entachent la réputation de la
psychiatrie publique » (p. 6) est soulevée.
Ce rapport publié en juillet 2007 restera
confidentiel. Il n’est rendu public que le 9 janvier 2009. Le
29 janvier, c’est au tour du rapport Couty d’être publié,
accompagné de l’annonce d’une loi sur la psychiatrie. On
peut émettre l’hypothèse que bon nombre de propositions
du rapport Couty se sont inspirées de la mission de l’IGAS.
Fédérer n° 45 -
7 Fédérer n° 45 -
Nous verrons également, lors de l’examen de la
proposition de loi sur la psychiatrie, si certaines des
recommandations de la mission sont suivies d’effet.
…au particulier
Nous limiterons ici notre propos aux
psychologues très présents dans ce volumineux rapport
de 318 pages puisque on compte 209 occurrences les
concernant.
Les intentions des auteurs du rapport ne sont pas à
proprement parler hostiles aux psychologues. S’ils
insistent sur leurs compétences, ils savent aussi relever
les difficultés d’insertion de ces professionnels en tant
que corps professionnel un peu décalé. Les auteurs
cherchent des explications à cette marginalité. Ils
proposent alors un certain nombre de
recommandations qu’il conviendra d’analyser et de
discuter passé un premier moment de sidération.
Les psychologues sont donc cités à plusieurs
reprises selon le domaine d’analyse de la mission mais il
nous a semblé plus intéressant, pour l’objet de l’article,
de repérer les thèmes réflexifs, autour de la fonction du
psychologue.
L’autonomie professionnelle
du psychologue sur la sellette…
Si elle est remarquablement saisie et prise en
compte par la mission, elle n’est pour autant ni comprise
ni soutenue. L’autonomie est perçue comme le résultat
des difficultés d’intégration des psychologues au sein des
équipes. Pourtant la part prépondérante des règles de
confidentialité et celles du secret sont questionnées. Mais
pour la mission, le psychologue n’a pas la légitimité, ni
l’autorité des médecins liée au statut, ou celles
quantitative et syndicale des infirmiers.
Le temps consacré à leurs interventions indique le
peu de travail institutionnel réalisé auprès des équipes,
ou à des interventions pluri professionnelles. Les
interventions individuelles sont nettement supérieures et
relèvent de la responsabilité du psychologue. Ce dernier
défend l’idée qu’il n’a pas à se voir ordonner de pratiquer
des actes de psychothérapie par exemple.
Ce qui apparaît comme un élément essentiel de
l’autonomie professionnelle, du moins dans le discours
des psychologues, est payé en retour par une mise à
l’écart, d’autant qu’il n’a pas compétence à prescrire (un
médicament, un acte para médical). C’est du moins ce
qu’on comprend de l’analyse des membres de la mission
apportée aux conséquences de cette autonomie
revendiquée par les psychologues.
Mais que font les psychologues
quand ils travaillent…le temps FIR épinglé
Le temps FIR est épinglé tout au long du rapport
mais on s’arrêtera plus particulièrement sur l’annexe 10
dont le thème est « le difficile positionnement du
psychologue ».
Une analyse sur la définition du temps de travail
des psychologues est proposée. Elle s’appuie sur la
définition de la circulaire du 23 juin 92 relative au décret
de 1991 : répartition du temps de travail entre deux tiers
de fonction clinique et d’un tiers de temps FIR.
Plusieurs situations sont examinées dans les 6
établissements analysés : la mission insiste sur
l’inadéquation d’un temps FIR qui ne correspond pas du
tout aux réalités d’un service et de sa dynamique. Les
psychologues doivent pouvoir proposer un temps
d’échange et de soutien entre professionnels dans le
champ de la psychiatrie. Si, à l’origine, le temps FIR avait
pu être institué pour mettre à distance le contre transfert,
les résultats ne sont pas probants quant à l’implication
des psychologues dans les services.
Cette pratique du temps FIR ne peut plus, pour la
mission, relever de la liberté individuelle des
psychologues. Une des solutions préconisées est alors de
faire évoluer leur statut afin de s’attacher à faire évoluer
leur intégration difficile dans les équipes.
Une évolution statutaire nécessaire
pour plusieurs raisons
La mission remarque que les postes de
psychologues ont en commun entre établissements une
forte évolution se traduisant par un doublement de leur
nombre en l’espace de 8 ans (1997-2005).
On rappelle l’absence de numerus clausus et la
forte attractivité chez les jeunes de ce métier, en
soulignant que cette attractivité est démentie par la réalité
de l’hôpital qui n’offre pas de réelles perspectives
d’évolution pour les psychologues.
L’absence d’autonomie (pourtant revendiquée par
les psychologues mais qui trop souvent n’en restent qu’au
discours), la difficulté de voir transformer les postes de
vacataires ou de temps très partiel en postes à temps
plein, la difficulté de titularisation, sont soulignées.
L’intégration institutionnelle des psychologues dans les
établissements est décrite comme obscure puisqu’ils
n’apparaissent pas en tant que professionnels dans les
instances (CA, CME, CTE CHSCT). On évoque l’intérêt des
collèges quand ils existent. Le statut particulier des
psychologues de la FPH fait d’eux des auxiliaires ou dans
le meilleur des cas des collaborateurs des médecins : ce
sont eux qui les choisissent, les forment, et les encadrent.
L’explication proposée par les auteurs du rapport
est que ces psychologues ne sont formés que par la seule
université sans formation d’alternance alors que les autres
professionnels sont formés à l’hôpital.
En conclusion de cette difficulté de représentativité
des psychologues dans les établissements, les auteurs du
rapport préconisent ceci : « Il est clair en tout cas, que
tant que leur statut imposera un temps de présence à
l’hôpital aussi restreint, assorti d’une réticence importante
de leur part à accepter de rendre compte du travail avec
les patients, il sera difficile de les intégrer dans les
équipes. Il faut noter qu’une implication plus grande en
terme horaire dans le service amène quasi
automatiquement une meilleure intégration et une
meilleure reconnaissance. » En remarquant au passage
que les psychologues de la convention 51, qui ne
disposent pas du temps FIR, témoigneraient de leur
satisfaction à travailler (p.54).
Les coopérations professionnelles
On lira avec attention (p.6) qu’ « il faut adapter le
statut et le cursus de formation des psychologues pour
mieux utiliser leurs compétences et les intégrer dans les
équipes ». Voyons de quoi il retourne.
La pénurie des psychiatres et des infirmiers est
soulignée à plusieurs reprises. L’augmentation des
attributions des psychologues est alors envisagée en leur
permettant dans certains cas d’effectuer des actes
jusque-là réservés aux médecins.
On envisage également que leur soit ouvert une
formation de « manager » de structure psychiatrique.
La mission va jusqu’à demander si les
psychologues peuvent remplacer les psychiatres et à quel
prix (p.58). Tout d’abord, on commence à annoncer que
ce n’est pas suite au manque de psychiatres qu’il faut
songer à remplacer ces derniers par les psychologues,
puis on continue en reconnaissant aux psychologues leur
inscription dans une tradition européenne de la
psychiatrie qui a autre chose à proposer qu’une simple et
seule chimiothérapie.
Les psychologues deviennent alors indispensables
pour évaluer des capacités cognitives, mettre au point
des programmes de réhabilitation, mettre en place des
psychothérapies « de diverses natures et également de
soutien » dans le cas de traitement médicamenteux
lourds, superviser des groupes de soignants pour éviter
les phénomènes de chronicité de maltraitance et encadrer
des équipes notamment de professionnels d’horizons
divers.
Pour les membres de l’IGAS, il est clair qu’on doit
pouvoir confier aux psychologues des accueils
de « première ligne », comme ceux liés à ce qu’on appelle
« la souffrance psychique ».
On lit encore : « La question de savoir si (les
psychologues) devraient avoir le droit de prescrire ou de
renouveler des prescriptions au long cours mérite d’être
posée. » et la réponse de la DHOS (Direction de
l’hospitalisation et de l’organisation des soins) est la
suivante :
 Ces propositions pourraient être envisageables,
mais il faudrait renforcer certaines compétences dans leur
formation. Mais la DHOS est très claire (la DHOS compte
au mètre carré un nombre élevé de professions
médicales !) : pas question que les psychologues
touchent aux traitements (p.78).
On rappelle que les psychologues ne relèvent pas
du code de la santé et n’appartiennent pas aux
professions de santé régies par le code de la santé
publique. Pour cette raison il ne peut être envisagé un
concours d’internat identique aux médecins. Est abordée
l’idée d’une spécialité clinique et d’un parcours adapté,
avec des cours et des stages hospitaliers.
Le retour de la mission à la réponse de la DHOS est
intéressante (p. 82) : la mission ne méconnaît pas le fait
que les psychologues ne relèvent pas du Code de la santé
publique, mais de deux choses l’une : soit on considère
que la situation des psychologues est tout à fait
satisfaisante et il convient de ne rien changer à leur
statut, soit, comme la mission, on estime qu’il existe un
problème récurrent et que sa résolution passe
inévitablement par une modification des règles en
vigueur.
Aux grands maux les grands remèdes
La conclusion de la mission est sans appel : il faut
organiser très vite une évolution du statut, de la
formation, et des compétences d’exercice des
psychologues.
Concernant l’évolution du statut, il est rappelé
que c’est le seul statut à n’avoir pas évolué depuis 15 ans.
La mission s’étonne de cette situation et propose cette
explication : le blocage du statut des psychologues
découle de l’idée que l’on peut se faire à tous niveaux
(DHOS, direction d’établissements, corps médical), de cet
avantage officiellement reconnu d’un temps propre
important, dévolu à leur formation (temps FIR).
On y fait état de la lettre circulaire (celle du 10 mars
99) où l’on attendait des directeurs d’établissement qu’ils
demandent aux psychologues d’effectuer leur temps FIR à
l’intérieur de l’établissement. Ce temps FIR reste encore
trop souvent (dixit la mission) le symbole d’un avantage
d’une profession : le temps FIR est un privilège ! Ce qui
est faux, s’empresse-t-elle d’ajouter puisque le temps FIR
n’est pas utilisé dans sa totalité : dans la réalité, il
s’aligne sur le même volume horaire de préparation ou de
formation que celui des autres professions.
Concernant la formation et les compétences
d’exercice :
La question d’une spécialisation après l’obtention
du titre est posée : internat ? Organisé en commun avec
celui de psychiatrie ?
La solution : une formation labellisée ministère
de la santé comme remède à tous les maux
La formation initiale et continue des psychologues
est interrogée et remise en question. « Leur formation,
organisée dans les universités de sciences humaines et
rarement de sciences et médecine est dans certains cas
axée avant tout sur les psychothérapies individuelles ».
Comment dans ce cas envisager une délégation de
compétences (tâches et responsabilité) jusque là
dévolues aux médecins, telle est la question de la
mission !
La mission évoque l’idée que les psychologues ne
travaillant pas dans l’urgence, les délégations de
responsabilité médicale se feraient plus facilement en
extra hospitalier. Ceci dit, le caractère intra n’est pas
oublié : le psychologue est appelé à prendre une place à
part entière puisque on considère qu’il pourrait être
porteur de projets fondamentaux de service, ce qui ne
Fédérer n° 45 - 8
9 Fédérer n° 45 -
serait pas sans poser problème dans leurs relations à
l’encadrement soignant. L’accès aux fonctions de cadre
supérieur est évoqué.
Discussion
Il ressort, au terme de la lecture du rapport, que si
le psychologue n’est pas mauvais bougre, il a tout de
même une bien mauvaise réputation. Sa position
d’électron libre est soulignée à maintes reprises, et
l’autonomie professionnelle est un véritable casse tête
pour les experts de l’IGAS. Serait-ce l’arbre qui cache la
forêt de leur incompétence ?
Incompétence à travailler en équipe puisque chacun l’aura
compris, l’autonomie professionnelle n’est vue que par le
petit bout de la lorgnette : les psychologues, en refusant
de rendre des comptes, s’octroient sans doute le droit de
moins travailler. Ce temps, qui par nature n’est pas défini
et laissé à l’appréciation du psychologue est alors compris
selon plusieurs niveaux : les mauvais psychologues en
font des loisirs, ceux qui sont un peu moins mauvais en
font un temps réel de formation par le biais de lecture qui
elles, restent incontrôlables, ce qui réduit du coup
l’intérêt d’une telle activité qu’on ne peut pas quantifier ;
dans la catégorie immédiatement supérieure, on trouve
les psychologues qui acceptent de se plier à un temps de
formation contrôlable en liaison avec la formation des
équipes ; enfin pour terminer, les bons psychologues se
passent du temps FIR et n’ont pas l’air de s’en plaindre.
Bref, qu’il se démène ou qu’il reste coi , il passe
pour un je ne sais quoi !
La formation des psychologues est épinglée à
plusieurs reprises dans le rapport de l’IGAS comme elle
l’est dans le rapport Couty, et comme elle l’était déjà dans
le plan santé mentale précédent. Mais la solution d’une
formation supplémentaire en lien avec les facultés de
médecine, préconisée, n’est pas recevable. La
psychologie est tout autant une science humaine qu’une
sciences de la vie, elle est donc enseignée comme telle et
vouloir l’effacer en la réduisant à une mise à niveau
médicale est l’expression d’un déni qu’il convient de
dénoncer. Nous n’avons pas à rougir d’être des « produits
sciences humaines sciences de la vie », et devons à
chaque fois que c’est possible le faire savoir, l’expliciter, le
partager : au moyen du temps FIR par exemple ? A nous
d’expliquer et de soutenir que les déterminants sociaux et
psychiques sont majeurs, qu’ils dérangent aussi, et que
notre métier et nos compétences sont justement
d’accompagner ces distorsions dans un univers
impitoyable ! Nous serions bien avisés de se demander,
universitaires et praticiens réunis, pourquoi les 500
heures minimum de stage de l’étudiant en master ne sont
pas reconnues. Les stagiaires sont-ils à ce point
transparents dans les services ? Il faut sans doute
admettre que les jeunes diplômés sont souvent lancés
seuls et sans filets et ne soyons dès lors pas étonnés, de
nous voir proposer une solution alternative qui passerait
par une formation labellisée ministère de la santé.
La FFPP a fait un certain nombre de propositions
lors de son audition par la commission Couty qui sont sur
ce point essentielles (Fédérer 42).
Oui nous sommes favorables à une exigence de
formation supplémentaire si et seulement si, celle-ci est
pensée et déclinée dans le cadre du titre de psychologue.
La durée des études de psychologie pour accéder au
titre doit rester uniforme quelle que soit la spécialité. A
l’heure actuelle, aucune disposition réglementaire ne
prévoit de modification.
Alors comment faire pour prendre en compte ce
qui nous est régulièrement pointé d’une part par nos
partenaires professionnels et d’autre part par le retour
des jeunes professionnels en grande difficulté
d’insertion dans un milieu qui par définition n’est pas
propice à la déclinaison d’un modèle sciences
humaines ? Une des voies repose sur la perspective
d’Europsy : « Le modèle proposé par la FEAP (dont la
FFPP est le membre Français) et dans un souci
d’harmonisation des niveaux de formation et
d’élévation du niveau de formation des psychologues
en Europe, a mis en place un processus de certification
européenne des formations en psychologie. Ce choix
politique, qui affirme une évolution où la profession
définit ses propres règles de structuration, s’est adossé
aux universités pour formaliser le contenu des
formations tout en laissant à chaque pays le soin d’en
réglementer la mise en oeuvre à travers les
organisations représentatives des psychologues
spécifiques à chaque pays (en France la FFPP). Ce
dispositif, reconnu par l’ensemble des pays européens,
est en phase de mise en oeuvre dans sept d’entre eux,
dont la France (2009). » (cf. Fédérer 42, vers une
sixième année de formation).
Les principes de son encadrement sont simples,
et la certification, qui vise tout autant les personnes
que les cursus, se fait dans un champ d’exercice. Celui
dont il est question dans le rapport de l’IGAS mais
également dans le rapport Couty concerne la clinique et
la santé. Les jeunes professionnels seraient
accompagnés dans un dispositif appelé « année de
pratique professionnelle supervisée » et répondrait à un
cahier des charges très précis. On aura bien compris
qu’il ne s’agit pas d’un stage supplémentaire, le
psychologue est en pleine responsabilité
professionnelle. « C’est donc ce principe d’année de
pratique professionnelle supervisée qui doit présider
aux modalités d’évolution de la formation en six ans ».
En guise de conclusion
Nous sommes bien déterminés à avancer des
propositions comme autant de solutions
respectueuses de l’identité du psychologue en
référence à son haut niveau de formation. Nul
doute : il nous faudra défendre la fonction d’un
temps FIR, non pas comme un avantage corporatiste
réservé aux plus chanceux d’entre nous, mais
comme constitutif de notre identité
professionnelle. Que mettons nous dans le
panier formation- information- recherche, quel
retour vers les équipes et les patients ? Sans doute
sommes nous appelés à le reconsidérer pour mieux
le partager au sein des équipes avec lesquelles nous
travaillons. Quel système d’évaluation sommes nous
en mesure de proposer pour s’assurer de cette
redistribution ? Questions dont nos politiques
accompagnés de leurs conseillers ne manqueront
pas de nous poser.
B. Guinot
brigitte.guinot@ffpp.net

L’adresse originale de cet article est http://www.psycho.lautre.net/spip.p...

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