- Word - 40 kio
M. Robilliard, Mme Gacon, Chers collègues ,
Actualité de la profession, psychologue à l’hôpital
Depuis 4 ans, nous participons aux groupes de travail à la DGOS au cours desquels nous avons pris la mesure et dénoncé l’hostilité et le mépris, trop souvent ouvertement exprimés à l’égard de notre profession.
La DGOS n’a accordé à la profession qu’ une fiche métier et lancé une expérimentation dont nous venons d’apprendre, lors du comité de suivi du 8 septembre dernier, qu’elle était terminée, à 6 mois de l’échéance prévue. A chaque réunion, nous avons demandé un travail sur une inscription durable de notre profession au sein des hôpitaux, en lien avec les universitaires de psychologie, ce qui nous a toujours été refusé.
Plus récemment l’éviction de l’amendement sur le projet psychologique par le sénat ne fait que confirmer et accentuer la fragilité de notre profession.
Début juillet, nous avons été interpellées par l’UNSA Santé-Sociaux concernant la grande conférence de santé (visant à revoir le modèle d’organisation hospitalière issu de la réforme de 1958) car ils s’inquiétaient, entre autres, de l’absence des psychologues dans les concertations.
De ces concertations doivent émerger les contours du système de santé français moins hospitalo-universitaire et préparer le "virage ambulatoire" ainsi que revoir la formation et les modes d’exercice des acteurs du monde de la santé. Tout cela doit se passer en trois groupes de quatre séances chacun, entre juillet et décembre 2015 !!
Nous nous sommes donc rendues le 10 septembre à la 2ème réunion du groupe concernant les professions exerçant à l’hôpital ("évolution des métiers et des pratiques dans le contexte du virage ambulatoire") qui visait à aborder, entre autres, les compétences transversales des professionnels de santé, comment développer et/ou renforcer les complémentarités entre professionnels, prendre en compte les compétences des métiers existants avant d’en créer de nouveaux, clarifier les compétences , instaurer les pratiques avancées ...
Étant donné qu’il était question d’exploiter les métiers existants à l’hôpital pour utiliser au mieux leurs compétences, nous avons posé la question de la place des psychologues au regard de la future loi de santé qui insérera, sur proposition du ministère "un projet d’organisation de la prise en charge psychologique du patient" auquel "les psychologues pourraient (!?) être conviés" selon les propos de Michèle Lenoir-Salfati lors du comité de suivi de la structuration des psychologues le 8 septembre.
La réponse de la DGOS fut catégorique : les psychologues ne sont pas concernés par la réorganisation hospitalière car pas professionnels de santé.
A notre remarque visant à leur pointer qu’ ils ne peuvent décemment pas évoquer l’hôpital de demain, "exploiter les compétences des métiers existants " qui exercent dans le champ de la santé et mettre en place un projet psychologique sans les psychologues, il nous a été répondu qu’ils" nous garderons en tête pour certains projets" mais on" ne vous prendra pas en compte dans la démographie de l’hôpital" !
Peuvent-ils être plus clairs ?
Le psychiatre présent dans la salle ne s’est pas exprimé. Le représentant de l’ordre des médecins a ré insisté sur le fait que nous ne sommes pas des professionnels de la santé. A l’hôpital, travaillent des professionnels de santé. L’équation est simple. Le refus du pluralisme évident.
Le SIUEERPP s’associe donc à nous pour :
- réaffirmer qu’il est urgent d’inscrire notre place à l’hôpital dans un cadre règlementaire et législatif afin de protéger et garantir notre exercice dans les hôpitaux et centres de soins. Si nous ne le faisons pas, la disparition progressive de la psychologie clinique va, sans nul doute, s’accélérer.
- penser qu’une inscription dans le code de la santé n’ implique pas la para médicalisation. Rappelons-nous ce que nous disaient nos collègues du SNP mercredi dernier : les aumôniers sont dans le code de la santé sans pour autant être des para médicaux.
Il est urgent d’adapter la législation de notre profession au monde actuel.
- continuer à proposer l’inscription de notre profession dans un livre spécifique du CSP ni médical ni paramédical (péri médical ?) en insistant sur la formation universitaire en sciences humaines qui doit absolument continuer à être dispensée en dehors des fac de médecines afin de garantir la pluralité des regards à l’hôpital.
Nous devons affirmer que nous contribuons aux prises en charges sanitaires et que le soin n’est pas l’exclusivité de la médecine ni des para médicaux.
Concernant le "projet d’organisation de la prise en charge psychologique du patient" proposé par le Ministère, nous sommes contre cette formulation qui est une voie royale pour que le "psychologique" soit sous la responsabilité médicale et ce sans les psychologues. N’oublions pas que si le titre de psychologue est protégé, il n’en est rien pour l’ "exercice psychologique".
La situation est plus que critique et ce n’est pas faute d’avoir depuis plusieurs années interpellé la profession. M. Robiliard l’a encore très clairement exprimé cette semaine dans son mail.
Dernièrement, au sein d’un CHRU, un directeur vient de laisser entendre, qu’après conversation avec un PU-PH de psychiatrie, il allait décider que les médecins choisiraient les sujets de recherche en psychologie des étudiants qui souhaitent obtenir un stage rémunéré avec comme motif qu’il n’est plus possible d’accueillir en stage des étudiants qui n’apportent pas une "plus-value au service", c’est à dire qui n’aide pas aux recherches en cours (universitaires, médicales) dans les services. En l’occurrence , "génétique du suicide", "hallucinations résistantes aux anti-psychotiques et traitements par sismothérapie", "traitement comportemental des addictions"... C’est-à-dire de la recherche médicale qui incomberait aux internes ! Est ce que les psychologues doivent devenir des auxiliaires de psychiatrie et faire passer les tests et les études choisis par les médecins qui n’ont pas le temps de les faire eux-mêmes ? Nous savons qu’une partie de notre profession le fait déjà ! Dans certains hôpitaux d’Alsace, seuls les étudiants en neuropsychologie obtiennent des stages rémunérés.
Par ce biais, les PU-PH imposent leurs recherches exclusivement, nient la recherche clinique et les conséquences vont vite se faire voir avec des étudiants qui vont orienter leurs recherches afin d’obtenir un stage rémunéré !
.
Nous redisons notre inquiétude pour la psychologie/psychopathologie clinique qui fait de la recherche depuis toujours et apporte une plus-value indéniable mais niée en matière de prise en charge singulière du patient (modes d’entrée dans la psychoses, auto-traitements et suppléances, nouveaux symptômes ... ), joue un rôle également dans la stabilisation et la prévention des rechutes... Ont un savoir-faire en matière de prise en charge clinique chez des sujets où l’éducatif, seul, échoue. Une place de 1er recours est à défendre !
Rien ne dit que l’hôpital doit embaucher des psychologues (cliniciens), c’est au bon vouloir des projets médicaux ! Les statuts sont donc très insuffisants.
Si nous n’agissons pas urgemment pour accompagner les évolutions de l’hôpital, il est fort à parier que les psychologues cliniciens ne seront plus présents pour rappeler qu’un schizophrène n’en est pas un autre et que chaque sujet, même si l’origine de sa pathologie est somatique, aura une façon singulière de la subjectiver.
Ce même directeur a indiqué que la bataille des cliniciens est une bataille "contre un mur" et qu’il n’est pas certain que ce soit à nous de gagner... A bon entendeur !
Roxane Meziane, Elisabeth Schaeffer
Documents joints
psychos_intervention_fo_02-09-15_1_.doc