Psychiatre, psychologue, psychanalyste : quelle différence ? Qui choisir ?
Mardi Noir — 11 novembre 2021 à 9h00
Il est parfois difficile de s’y retrouver face aux multiples appellations du milieu psy. Ce n’est pourtant qu’une simple histoire de diplômes et de courants de pensée.
Dans Ça tourne pas rond, Mardi Noir, psychologue et psychanalyste, revient chaque semaine sur une question ou problématique psychologique.
Il faut bien le reconnaître, le milieu psy est un sacré bazar d’appellations en tout genre : psychothérapeute, psychologue comportemental et cognitif, psychanalyste, psychiatre, neuropsychologue, psychologue intégratif, spécialiste du trauma, des addictions, des troubles alimentaires etc. Truffé de catégories et de sous spécialités, il peut nous arriver d’être désarmé face à ce foutoir digne d’un lien de parenté biscornu : « Mais si tu sais bien Roger, c’est le petit cousin de la belle-soeur de ma tante ! »
Le diplôme
Pourtant, ce n’est pas si compliqué si on envisage les choses dans l’ordre. Vous me direz, ça dépend dans quel ordre vous voulez classer les psy. Par diplômes ou par courants de pensée. J’aurais tendance à privilégier la classification par diplôme, vous allez très vite saisir pourquoi. J’en retiens deux : psychologue et psychiatre. Le psychiatre est médecin, il a donc la possibilité de prescrire des médicaments. Le psychologue est titulaire d’un master 2 de psychologie clinique professionnalisant.
Du moins, celui qui vous reçoit, sinon il est dans la case recherche et ne vous occupez pas de celui-ci, il bidouille des trucs et lit des livres. Un psychologue en exercice peut aussi faire de la recherche, mais un pur chercheur qui n’est pas passé par l’étape professionnalisante reste dans son laboratoire. Sauf s’il est psychanalyste. Enfin parfois. Ça dépend. Je vous perds ? Allez reprenons : le psychiatre peut vous donner des pilules diverses et variées, le psychologue non.
Le courant de pensée
Psychiatre et psychologue tout seul, comme ça, ça ne veut rien dire. Ils se réfèrent à des théories et des méthodes. C’est pourquoi vous trouverez autant de psychiatres-psychanalystes que de psychiatres-comportementaux ou neuropsychiatres. De même chez les psychologues.
Les thérapies comportementales s’attachent à prendre en charge le problème qui vous gâche la vie. Je viens avec une phobie et l’idée, c’est qu’à la fin du traitement, je reparte sans. Généralement, un travail est fait sur les émotions que génèrent le symptôme et ce à quoi il se rattache via des exercices d’exposition. Je suis allée cinq ou six fois chez un psychologue comportemental et cognitif, et pour ma phobie de vomir, je devais me forcer à faire une sortie au restaurant et noter ce que je ressentais.
La psychanalyse a une vision différente du symptôme. Celui-ci est à la fois dévastateur et protecteur.
Cela convient très bien à certaines personnes. Pour moi, ça me donnait le sentiment d’être idiote, je préférais largement partir en courant du resto en agitant les bras, suante et hurlante. Au moins, j’avais vraiment l’air folle. L’écrire dans un carnet fixait un peu trop les choses et me donnait l’impression que j’allais passer ma vie à me distribuer des bons et des mauvais points : « Aujourd’hui suis parvenue à rester douze minutes à table, j’ai pu manger trois bouchées sans nausée. Objectif après-demain : seize minutes, cinq bouchées. »
Les neuro-psychiatres et neuro-psychologues sont des catégories que je connais moins bien. Ils travaillent sur les mécanismes du cerveau et tentent d’interpréter nos inaptitudes, nos soucis, nos conflits, nos stress post-traumatiques mais aussi nos capacités, notre endurance, nos résistances par ce prisme. Au fond, ils essaient de donner à l’esprit un statut tangible par l’organe. Ainsi, ils utilisent l’imagerie cérébrale pour expliquer nos maux et s’appuient dessus pour observer des améliorations.
La psychanalyse a une vision différente du symptôme. Celui-ci est à la fois dévastateur et protecteur, poison et antidote. Il serait porteur d’un sens singulier qui concernerait uniquement le sujet qui en souffre. Et c’est à lui de découvrir le rôle que joue son mal. Évidemment, pour y parvenir, il est aidé par le psychiatre-psychanalyste ou le psychologue-psychanalyste (c’est bon ? vous suivez toujours ?). Ainsi, il n’existe pas de généralités à établir ou de remède efficace pour tous. Le travail s’articule à l’histoire et la vie de celui qui produit son symptôme. L’idée, dans ce courant de pensée, c’est qu’on n’attrape pas une phobie, des tocs ou des échecs à répétition comme on choperait un virus en hiver. Il n’y a pas de maladie à proprement parler ou de guérison mais plutôt un repérage souvent long, parfois laborieux, pour mieux se connaître, et en bonus constater un mieux-être durable.
Par le passé, il existait des psychanalystes sans diplôme. Il doit en rester quelques-uns si on cherche bien dans les fonds de tiroirs des cabinets rive gauche à Paris, mais ce n’est presque plus d’actualité. La seule (et non des moindre) obligation consistait à avoir suivi soi-même une psychanalyse. Chose qui, à côté d’un diplôme, me semble essentielle. Cela permet de saisir à quel point la position du patient est une place vulnérable. Que le temps long parfois est nécessaire et surtout que la parole ne se libère pas sur une simple injonction.